Portrait d'Agnès Callamard

Alexandre Duyck

Agnès Callamard, la française qui enquête sur les crimes politiques pour le compte de l’O.N.U.
Du journaliste Jamal Khashoggi au général iranien Soleimani, cette spécialiste des droits humains s’attache depuis quatre ans à éclairer les zones d’ombre des meurtres commis par des groupes armés ou des États. Son dernier rapport, remis le 9 juillet, dénonce le recours aux frappes par drones.


Magazine : Le Monde

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Photos : David WAGNIÈRES
Parution : 2020


Extrait

DERRIÈRE DE JOLIES LUNETTES CERCLÉES VERT D’EAU se trouve une femme qui vit parmi les morts. Agnès Callamard parle vite, mélange anglais et français, n’hésite pas à dire « l’autre bâtard » ou « bullshit total » quand il le faut et plaisante beaucoup. De l’humour, il en faut quand on exerce son métier : rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Parmi ses dernières enquêtes : l’assassinat au Mali des deux journalistes de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon en 2013, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018, du général iranien Qassem Soleimani par une frappe américaine le 3 janvier dernier... Autant de sujets brûlants sur lesquels elle est souvent la seule à mener une investigation, s’attirant menaces de viol et de mort. Si elle ne possède pas le statut de diplomate, elle a tout de même la possibilité de se saisir de certains cas.

« La façon dont elle a travaillé au sujet de Jamal Khashoggi illustre parfaitement qui elle est, résume l’avocate américaine Carolyn Horn, sa principale collaboratrice. Elle a compris que la communauté internationale n’allait rien faire. De son propre chef, elle a lancé cette enquête, avec les risque encourus. Elle est courageuse, méticuleuse, intransigeante. Et sa sécurité n’entre jamais en considération dans ses choix. »