Pologne, zones de non-droits pour les homos.

Alexandre Duyck

Depuis 2019, encouragées par le parti conservateur au pouvoir, une centaine de communes du sud-est de la Pologne se sont proclamées « zones sans idéologie LGBT ». Les personnes LGBT qui y vivent subissent harcèlements, agressions, menaces de mort. Et sont souvent contraintes à l’exil. Causette s’est rendue sur place pour entendre leur voix et rencontrer celles et ceux qui les soutiennent ou les persécutent.


Magazine : Causette

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Photos : KasIa Strek/Panos pictures

Parution : 2021


Extrait

Il n’a jamais fait bon être une personne LGBT dans la très catholique Pologne. Mais, depuis deux ans, leur vie a viré au cauchemar. En 2019, face à la montée d’actes homophobes et transphobes, le maire de Varsovie et un des chefs de l’opposition, Rafal Trzaskowski, signe un texte protégeant les personnes LGBT. Une provocation pour de très nombreux élues de la région située au sud-est de Varsovie, à environ deux heures de route, autour du chef-lieu, Lublin. Une zone occupant un tiers du pays. Nous sommes le long de la frontière ukrainienne, là où les mentalités sont les plus conservatrices.

En réponse, une centaine de maires de cette région signent donc un autre texte, sans valeur juridique aux yeux de la justice internationale ou de l’Union européenne, mais néanmoins bien réel : une charte proclamant leurs communes « zones sans idéologie LGBT ». L’idée vient du président de la République, Andrzej Duda, qui vise alors un deuxième mandat (il sera réélu en 2020). Lui-même publie une Charte de la famille qui comprend des engagements pour « interdire la propagation de l’idéologie LGBT dans les institutions publiques » et s’oppose au mariage de personnes de même sexe et à l’adoption par celles-ci.