À Arles, Luma brille de mille feux.

Alexandre Duyck

Inaugurée ce samedi dans la cité provençale, la tour de Frank Gehry est l’emblème de la Fondation Luma. Conçue par Maja Hoffmann, celle-ci est appelée à devenir l’un des hauts lieux de l’art contemporain en Europe.


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Parution : 2021
Photos : Rémi Bénali


Extrait

On la voit à des dizaines de kilomètres à la ronde. La nou- velle identité d’une ville vieille de 2000 ans est une tour haute de 56 mètres, géométrique, recouverte de 11 000 panneaux d’acier lisse, réfléchissant la belle et puissante lumière du sud, adulée et magnifiée par Vincent van Gogh. Conçue par Frank Gehry, géant de l’architecture, et inaugurée ce samedi, la tour de Luma domine désormais Arles, en Provence. Une dizaine d’étages, 15 000 m2, pour abriter le cœur de cette fondation voulue et financée par Maja Hoffmann qui, depuis plus de quinze ans, investit des centaines de millions d’euros dans cette ville qui l’a vue grandir et où son père, Luc Hoffmann, grand ornithologue, s’était installé. Y créant, avec d’autres, le Parc régional de Camargue et le WWF, le Fonds mondial pour la nature.

DES BÂTIMENTS COMME DES ŒUVRES
Après le Guggenheim de Bilbao, la Fondation Louis-Vuitton à Paris ou le Vitra Design Museum de Bâle, Frank Gehry a conçu cette œuvre maîtresse, que tous les Arlésiens, habitués à plus de conservatisme, n’apprécient pas (encore). « Nous étions enthousiastes à l’idée de capturer dans la façade la lumière d’Arles telle qu’elle change au cours de la journée, explique l’architecte de 92 ans, présent ce vendredi en France pour l’inauguration. Pour nous retrouver avec la lumière du soir dans les couleurs de la Nuit étoilée de Van Gogh. Cette lumière, il l’a peinte, nous l’avons construite. » Ajoutant: «J e voulais construire un bâtiment qui dise aux gens « entrez, venez à l’intérieur », qui soit doux, bienveillant, accueillant. Je voulais aussi rendre hommage à l’architecture romaine en imaginant cette base arrondie, qui rappelle l’amphithéâtre romain de la ville. »

La tour abrite désormais mille et un trésors dans ses salles d’exposition. Les archives photo d’Annie Leibovitz, Nan Goldin, Diane Arbus et celles de la revue Parkett, créée par une autre Suissesse, Bice Curiger, directrice de la Fondation Van Gogh d’Arles. Luma propose également aux visiteurs de découvrir une partie de la collection personnelle de Maja Hoffmann et de la Fondation Emanuel Hoffmann, du nom de son grand-père. Tout l’été, les visiteurs pourront ainsi découvrir les œuvres de Cy Twombly, Rosemarie Trockel, Bruce Neumann, Etel Adnan ou encore la grotte de Superman imaginée par Mike Kelley.