Clarisse Agbegnenou, grande fille modèle.

Alexandre Duyck

Elle pesait à peine plus d’1 kg lorsqu’elle a vu le jour. Vingt-neuf ans plus tard, elle est la meilleure judokate du monde dans sa catégorie et espère décrocher sa première médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo cet été. Impitoyable sur les tatamis, Clarisse Agbegnenou milite avec une même détermination pour une plus grande visibilité des athlètes féminines.
Et donne aussi de son temps, pourtant précieux, aux parents de bébés prématurés. Une jeune femme en or, on vous dit.


Magazine : Marie-Claire

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Photos : Rudy Waks
Parution : 2021


Extrait

Elle est née crevette, toute petite, minuscule crevette. Un bébé de 1,1 kg qui vient au monde à l’hôpital de Rennes le 25 octobre 1992, en même tant que son frère jumeau. Mais les deux bébés sont très en avance : leur mère n’en est qu’à sept mois de grossesse. Si son frère se porte bien, Clarisse Agbegnenou naît sans pleurer ni crier. Réanimée, elle est opérée en urgence et tombe dans le coma pendant une semaine. Elle souffre d’une malformation du rein gauche. Les médecins réfléchissent à renoncer aux soins, la situation est dramatique mais ses parents les implorent de tout tenter. « Et puis un jour, elle a poussé un grand soupir... Tout le corps médical a applaudi », se souvient sa mère, Pauline. Vingt-neuf ans plus tard, elle est la meilleure judokate au monde, catégorie -63 kg. Quatre titres de championne du monde, une cinquième couronne européenne décrochée en novembre 2020 et l’or olympique à portée de mains, cet été, aux Jeux Olympiques de Tokyo. « Le médecin qui l’a opérée a dit : “Cette enfant, c’est une battante” », se souvient sa mère. Son père ajoute : « Elle est revenue du pire. Plus rien ne peut lui faire peur depuis ce jour. » Elle-même conclut : « Je pense que je dois me battre pour exister puisque je me suis battue pour vivre. »